Je travaille au contact de réalités humaines, me déplace dans des territoires et des milieux sociaux, culturels, de vie ou de travail, dégageant un terrain de création à même ces expériences. Entrent alors dans la création toutes sortes de données et d’objets spécifiques à chacun des contextes. Des matériaux les plus divers sont prélevés, collectés, inventoriés, archivés, agencés, réorganisés. Les gens des milieux rencontrés participent à ces processus.
D’autres projets reposent davantage sur des situations que je mets en place dans des espaces associés à l’art (musée, galerie, centre d’exposition, école d’art), envisagés alors comme lieux de rencontre et d’expérimentation — d’exercices partagés — installant un terrain de création autour d’actions ou de présences performatives: je m’aveugle, accumule, tri, porte… Ces gestes engagent une forme d’échange ou de participation, ou encore découlent de dons ou d’éléments recueillis auprès de participants. Un lien ou une réciprocité s’établit alors comme condition du processus — d’où la notion d’exercice partagé.
Ces approches se rejoignent et s’entremêlent, parfois dans un même projet s’emboîtant à la manière des poupées russes. En effet, le déplacement de l’artiste et de la création dans différents milieux est une situation qui se voit mise en place à partir d’un réseau artistique ; elle y est souvent diffusée et peut donner lieu à des oeuvres qui y seront exposées. De même, les espaces dédiés à l’art — à sa présentation, sa diffusion, sa conservation et son enseignement — constituent eux aussi des milieux humains à sonder au même titre que d’autres.