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Dévoilements, série 1, portraits de religieuses : je les dessinais à l'aveugle pendant qu'elles, à l'aveugle, dessinaient une poupée vêtue d'un habit de soeur. 1998-2000. Encre sur papier. Photo : Giorgio Benni.

Dévoilements, série 5, portrait de Soeur D. : je la dessinais à l'aveugle pendant qu'elle, à l'aveugle, dessinait un Jésus en cire ; avec dessins réalisés de mémoire les yeux fermés. 1998-2000. Encre sur papier. Photo : Giorgio Benni.

Dévoilements. Expositions au centre d'art Le Quartier, Quimper France. 2004. Photo : Dieter Kik.

Dévoilements

Projet de dessin et livre d’artiste

réalisé avec la participation des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph

 

1996-2001

Montréal

Lors d’un stage de huit mois réalisé dans la réserve muséale de la congrégation des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph, j’ai noué une relation particulière avec les soeurs de la communauté. Mon horaire correspondait à celui d’une semaine normale de travail. Les tâches que j’exécutais étaient liées aux techniques muséologiques de catalogage et de conservation préventive. Nouvelles pour moi, elles venaient alimenter une autre perspective. La réserve se trouvait au sous-sol de la maison mère des religieuses, dans un labyrinthe de souterrains entre les archives, la crypte, le réfectoire et l’hôpital. Je côtoyais donc les soeurs quotidiennement, dans leur milieu de vie. Ces femmes sont peu à peu devenues indissociables de l’expérience que je vivais. Dans cet immense coffre-fort, j’étais entourée d’objets donnant un corps et une odeur à leur vie passée et privée. J’avais de la difficulté à traiter chacun de ces artefacts avec le détachement nécessaire au strict inventaire.

L’expérience m’a conduite à leur proposer une activité de dessin. J’ai demandé aux soeurs de dessiner «à l’aveugle» des objets de la collection du musée. Elles devaient observer attentivement les objets de leur choix pour en transposer les contours sans regarder leur main exécuter le tracé. Les rencontres se déroulaient en tête-à-tête et, pendant qu’elles dessinaient, je faisais leur portrait en travaillant moi aussi à l’aveugle. Ensuite, elles me racontaient leur parcours dans la communauté. J’étais particulièrement intéressée par le moment où elles avaient ressenti « l’appel » et décidé d’entrer en communauté, ainsi qu’à la période où, suite à Vatican II , elles avaient cessé de porter l’habit de l’ordre et enlevé leur voile. Après la rencontre et à plusieurs jours d’intervalle, je les dessinais à nouveau, mais cette fois de mémoire, les yeux fermés. Les dessins et les récits issus de ces rencontres ont ensuite donné lieu à des expositions et un livre d’artiste.

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